Gérer son temps au travail, « c’est d’une simplicité ! »… mais il est si rare de l’organiser parfaitement sur le papier (ou l’écran) et de constater que les actions sont rayées les unes après les autres, dans l’ordre, à l’heure prévue, sans heurts ni sueur. On enquille les tâches de la « todolist », les missions, les réunions et quelques créneaux pour les imprévus – ces « au cas-où » que l’on espère innocents et indolores – et le tour devrait être efficacement joué.
Mais le Grand Méchant Nuisible rôde, veille, là, tapie dans l’ombre du bureau, du salon, de la cuisine ou de la chambre d’amis (bref, là où vous avez pu vous installer pour télétravailler…). Il est toujours prompt à se jeter sur votre planning. Ce planning si bien calé, si beau à regarder, si bien ficelé qu’il vous mènerait sans encombre à l’heure de fermer applis et dossiers, boîtes mail et tableurs Excel… Mais c’est oublier trop vite que ce planning est la cible favorite des nuisibles de chair et d’os ou de processeurs en tout-genre cachés dans les tréfonds de la machine : le désorganisé et son dossier perdu (pour la 4ème fois en autant de jours), le retardataire qui décale les heures et grignote les plages libres (la réunion de 10H, c’est 10H, pas 10H15 !), le chef tatillon qui changerait bien la virgule par un point (« enfin c’est comme vous voulez, hein… »), la mise à jour Windows impromptue (qui annonce 10 minutes et en dure 35), l’imprimante en rideau, le 89ème mot de passe du jour (avec 2 majuscules, un chiffre et un signe bla bla bla…), etc.
« Aujourd’hui, j’ai fait la moitié de ce que j’avais à faire… sans compter le retard pris depuis lundi… pfff ». Amen.
Et ce temps qui passe… il se fiche bien des Nuisibles, lui !
Alors que faire pour l’amadouer, ce temps qui file ? Peut-être déjà en commençant par lui dire qu’il ne me fait pas peur. Et que, finalement, j’en ai un peu quand même… que tout n’est pas si pressé et/ou urgent.
Et puis ai-je su dire « non » à une demande express ? ce n’est pourtant pas si compliqué de dire « non ». Ça s’apprend, même (demandez à un formateur…). Et suis-je la seule et unique personne capable de gérer la demande ? Ai-je la possibilité de déléguer ? Et puis, dire « non », c’est proposer une solution alternative (un report de la demande, par exemple).
Avais-je planifié suffisamment en avance ? Mon agenda a ses limites, que le rétroplanning traite en lui permettant de prendre de la hauteur sur l’organisation et le temps.
Prioriser, c’est faire une bonne partie du chemin. Savoir dissocier l’urgent du prioritaire, les caler dans son rétroplanning et leur fixer des étapes.
Il faudrait aussi se débarrasser des Nuisibles, des chronophages, des instants dont on se dit qu’ils n’étaient franchement pas indispensables. Ces Nuisibles se listent, se prononcent haut et fort et se regardent en face. La pause de 20 minutes, la procrastination, le Web, les réseaux sociaux, le perso à grande échelle, le retard que j’impose aux autres, le rangement anarchique, l’absence de tri, le « oui » avant la demande, les soupirs de désolation, la liste de courses du soir, le RV du petit chez le médecin, etc. A croire que l’organisation du système solaire n’ait été établie que pour nous frustrer ! « Des journées de 56 heures, c’était pas possible ??!! »…
N’oublions pas la variable d’ajustement que sont les émotions. Sachons nous poser les bonnes questions : mes émotions me jouent-elles des tours ? dans quel état physique et mental suis-je ? vais-je continuer à subir cette pression (et soyons honnêtes, nous sommes responsables d’une bonne partie de notre stress)? Intégrons ceci : ma préparation et mon anticipation sont autant de sources d’harmonie entre mon être et ma mission. Je dois prendre soin de moi pour prendre soin des autres. En toute sérénité. Et quoi de plus agréable que de s’organiser relâché, détendu et serein ? Il n’y a pas de problèmes, pas de dossiers compliqués, pas de RV tendus… il y a simplement un planning présentant une succession de missions pour lesquelles je suis compétent.
En guise d’antépénultième conseil pour apprendre à contrôler le temps, je me penche sur les erreurs commises dans sa gestion, son appréhension. Parce qu’elles m’apprennent tant de choses sur mes habitudes et mon comportement face aux Nuisibles. Une vraie prise de hauteur s’impose, régulièrement. C’est comme se voir agir et pouvoir prendre les manettes pour analyser et comprendre, rectifier le tir, m’améliorer la prochaine fois (c’est-à-dire maintenant).
Enfin, je n’oublie pas de respirer, de savourer le travail bien fait, d’entretenir le lien avec mes collègues. D’échanger sur les bonnes pratiques avec eux. Et on ne se cache pas derrière le télétravail ! Les conseils avisés et le partage nous font grandir.
Tout cela, c’est facile à écrire. Merci Edouard… mais dans la pratique ? Je n’aurai qu’une réponse : la pratique sert à s’entraîner pour réussir. On ne marche pas sitôt né, on ne pédale pas sitôt posé sur une selle, on ne travaille pas sitôt le CM2 empoché… etc. A force d’expériences et de mesures correctives, je progresse !
Bon, y’a plus qu’à… un peu d’organisation et c’est parti ! Encore faudrait-il que j’en ai le temps… je plaisante.
Edouard Baudry, le 24 Novembre 2020 – 10H00 (tiens, je suis en avance sur mon planning…)